Geneviève Asse
la porte de l'infini, 1986
Ils vont où les oiseaux ?
ils rêvent les oiseaux de fer
gris au bord du fleuve
gris au bord du fleuve
ils rêvent
de suivre le vol
des cygnes blancs
sur l'estuaire
ils rêvent
ils rêvent
de prendre envol
vers les nuages
comme font les corbeaux noirs
Gris
ardoise au tranchant de lumière
en ligne sur le ciel
là-haut
Gris
couche sur couche
les coquilles et oiseaux de fer sur le fleuve
cuirasses, rivets, boulons
indéfectibles
Gris
de bleu en quintessence
comme une porte
au format de l’abstraction du monde
taillée au sabre noir
sur un tableau
et
sous le vent
le fleuve caméléon
et
sur les toits les mitres de sanguine
comme un défi à tous les gris
cependant la mémoire
en promontoire sur la ville amarrée
n'a incisé sur le
gris-plomb
qu’un blanc pur arborescent
prenant racine
sur un poème
Nantes, lunar tree, Mrzyk & Moriceau
Nantes, novembre 2016
[cuisiner la couleur et affaiter les mots]