La ronde de janvier 2017 : aube
La ronde, un sujet commun, sur lequel tu t'exprimes et publies chez un(e) autre qui publie chez le suivant jusqu'à boucler la ronde.
Le thème de notre vingtième ronde, ce mois-ci, est aube.
J'ai le plaisir de recevoir Dominique Hasselmann et la chance d'écrire sur le blog Promenades en ailleurs.
Merci Marie-Christine pour votre accueil et soyez la bienvenue dans notre ronde!
Ainsi va la ronde aujourd'hui,
De quelques aubes
Aube, abri astringent de la nuit qui, quotidiennement à l’heure où les lions vont boire, écoute l’aubade jouée en son honneur, au Point du jour (un livre d’André Breton dont la fille porte le même regard que celui des « Grands Transparents ») et ouverture sur La pointe courte chez Agnès Varda, éclair inassouvi et fulgurant, cela ne s’appelle pas encore l’aurore, l’aube se porte aussi pour la première communion avec missel à tranche dorée, papier bible (forcément) et signet comme plus tard dans un livre de la Pléiade, et la montre Lip à remontoir offerte en cadeau laïque, puis les pales des moulins à eau comme des hélicoptères sans rotors bruyants, l’eau de l’aube s’écoule ainsi avec ses trois acceptions dans le Petit Robert où les pages tournent toutes seules, les mots s’enfilent puis s’envolent des colonnes, ils se moquent de l’ordonnancement alphabétique ou météorologique ou astronomique ou aérodynamique, ils planent comme des mouettes vers l’embouchure qui mène à la mer, là où la marée efface sur le sable les pas des amants égarés, où les certitudes sont balayées ou dispersées par le vent du large, où les voiliers affrontent l’inconnu et l’imprévu, où les monstres marins rôdent et se parlent en langage inouï, où l’univers se reflète dans les vagues soudain fixes – une photo Instagram les saisit et les transforme dans leur mouvement interrompu à l’instar d’Usain Bolt franchissant toujours en vainqueur les lignes d’arrivée sur la cendrée des stades – mais où le soleil n’a pas rendez-vous avec la lune ni la pluie avec le parapluie ni le souffle avec la trompette bouchée : l’aube est secrète, se lève tôt et puis disparaît pour des occupations ni affichées ni fichées, elle sait qu’elle doit revenir le lendemain matin, elle programme son réveil tous les soirs, déploie ensuite sa cape enveloppante et de conception immaculée, rassemble tous les travailleurs et leur donne enfin les consignes et les conseils : « Courage, demain sera un autre jour ! »
texte : Dominique Hasselmann
photo : Jules Hasselmann
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